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Grandir avec son entraîneur

Félix-Antoine Lapointe, entraîneur haute performance de la fédération québécoise d’athlétisme, n’avait que 22 ans en 2010 quand il est entré en charge au Rouge et Or de l’Université Laval en athlétisme et en cross-country. Sous sa tutelle à l’époque: des coureurs dans presque la même tranche d’âge en Charles Philibert-Thiboutot, Jean-Samuel Lapointe et Emmanuel Boisvert

Charles Philibert-Thiboutot

Félix-Antoine Lapointe aura été pendant sept ans le coach en chef du Rouge et Or athlétisme et cross-country, transportant un programme du bas fonds des classements vers des bannières et des podiums nationaux. Depuis, conservant toujours son titre aux rênes du programme de cross-country universitaire, il troque son rôle dans l’athlétisme pour celui d’entraîneur de haute performance de la fédération québécoise d’athlétisme. À seulement 32 ans, il possède le CV digne d’un vétéran, mais pourtant partage presque le même âge que certains de ses athlètes, incluant moi-même.

Philibert-Thiboutot

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J’avais 19 ans quand j’ai joint le groupe d’entraînement de Félix-Antoine. Je le connaissais bien déjà, non pas parce qu’il m’avait courtisé pour joindre son groupe, mais bien parce que mes coéquipiers du Rouge et Or en devenir furent d’abord de redoutables adversaires à l’époque. Jean-Samuel Lapointe (le frère de Félix-Antoine), Emmanuel Boisvert et Jean-Daniel Labranche, tous de la région de la ville Québec comme moi, étaient les meilleurs coureurs dans notre groupe d’âge dans la province et je les avait affrontés plusieurs fois avant d’entrer à l’Université. Félix-Antoine avait parti son propre petit groupe d’entraînement à l’époque (alors qu’il n’avait que 19 ans), un groupe qui s’est ensuite enrôlé en même temps à l’Université Laval pour continuer leur progression ensemble. C’était donc une occasion pour moi de transformer mes ennemis en amis, et pour la première fois d’intégrer un groupe talentueux.

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C’était comme une vague de renouveau qui soufflait sur l’athlétisme au Québec. Un entraîneur, à peine senior de quelques années sur ses propres athlètes, récoltait d’excellents résultats sur la scène provinciale et nationale avec des techniques d’entraînements peu orthodoxes. Un retour à des planifications à haut volume faisait contraste à un style de coaching québécois qui préconisait l’intensité et le volume bas. Félix-Antoine était, pour son groupe «core» de protégés, comme un ami et une figure fraternelle pour laquelle on donnait une confiance aveugle. Le plaisir était toujours au rendez-vous à l’entraînement, et il était très gratifiant pour nous de voir une motivation réciproque chez notre jeune entraîneur, qui avait un plaisir fou à nous concocter des séances d’entraînements quasi insurmontables, mais qui avait confiance en nos capacités pour les accomplir.

Ce qui nous manquait de la part d’un entraîneur expérimenté et plus vieux, qui décèle la fatigue chez ses athlètes, sait «ralentir» ses athlètes ou encore anticipe les blessures et recommande des précautions et un mode de vie sain, on avait à la place dans un entraîneur jeune une audacité rafraîchissante, une ambition naïve que rien n’est impossible et une curiosité de pousser le corps à ses limites, dans un environnement léger et sans prétention. Live fast, run faster.

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On peut dire que ce mode d’entraînement aura porté fruit dans le court terme, mais aura aussi prouvé, avec les résultats positifs comme négatifs de notre groupe à l’appui, qu’il y a des risques à toujours pousser la machine à fond. Foncièrement cartésien et analyste, Félix-Antoine aura, au cours des dernières années, toujours rajusté le tir pour modifier ses programmes d’entraînements. Il est ouvert à tout; il n’y a pas de technique complètement bonne ou mauvaise, et il faut être à l’écoute des athlètes en tant qu’un tout, les chronos étant qu’une mince partie de ce tout.

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Avec les années qui ont passé, Félix-Antoine a aussi beaucoup évolué au niveau social. Naturellement très réservé et introverti, il était très à l’aise avec notre groupe original de jeunes universitaires; un groupe qui n’est pas trop différent d’une gang d’amis, de boys. Cependant, avec à sa charge éventuellement un groupe élargi incluant autant de filles que de garçons, ainsi que de plusieurs groupes d’épreuves, on a pu le sentir gagner de l’assurance dans son rôle d’entraîneur et de leader, et il y avait de plus en plus une fraction entre nos relations amicales et relations de coach à athlète, signe d’un professionnalisme grandissant dans son cheminement.

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Aujourd’hui, étant devenu presque un des seuls membres actif de son groupe initial à l’âge de 29 ans, je peux dire que notre relation est certes probablement différente de celle des autres athlètes dans le groupe. C’est certainement un aspect qui, selon moi, est le résultat de plusieurs années de dialogue tant à base athlétiques que amicales, ainsi que de nos âges similaires qui nous unissent dans les étapes de la vie et notre cheminement professionnel; deux individus qui se développent en maturité dans un processus d’exploration de soi constant. Une situation plutôt rare dans un monde où les entraîneurs sont généralement des figures plus paternelles que fraternelles dans l’établissement des relations et des valeurs.

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